Les personnes que nous sommes, m’intriguent. Je dessine des corps nus et des visages pour comprendre ce qui reste en dehors de l’apparence physique. Je dessine la liberté d’être soi et cherche une expression, une direction vers la pensée. Lorsqu’un modèle pose, l’agitation cesse, l’homme s’abandonne un peu, et se ralentit pour entamer un état. L’échange entre l’artiste et le modèle devient précieux, il offre la certitude de la vie, et une fragilité. C’est alors un corps hors mouvement, qui me donne le temps de l’observer. La complexité du corps n’existe plus. Le regard de l’autre, le mien se pose. Mon regard se dédouble et m’enseigne alors les lignes, les courbes, les appuis, les plans, les vides et les pleins. Je vis l’anatomie, parcours un détail, voit un ensemble de lignes et essaye de quitter l’apparence pour trouver un regard intérieur. Faire poser la question de « A quoi pense t’ il ? » «A quoi pense t’ elle ? ». Dans mon travail, on peut voir que souvent mes hommes et mes femmes attendent. Pour le modèle ce temps de pose devient aussi celui de sa réflexion, même s’il n’en ait pas conscient. En dessinant…j’amplifie leur ressenti, leur humeur.
Une ligne juste soit-elle, sans fioriture aucune.
Dénuée de matière
Observer, avoir la certitude du geste
Savoir où la poser
Une ligne claire comme un fil de fer
Certaine de ses pouvoirs pour l’œil
Elle se pointe avec l’outil
Elle a la ligne, souvent fine
Efficace à chaque fois
Elle me conquit
Elle se suffit
Elle impose par son élégance